La maladie de Carré doit son nom au vétérinaire Henri Carré qui a découvert son origine virale. Cette pathologie aussi appelée « maladie des jeunes chiens » existe également chez le chat et prend le nom de panleucopénie féline ou typhus du chat. Il s’agit d’une grave maladie infectieuse due au virus Morbillivirus (appartenant à la famille des Paramyxovirus), proche du virus de la rougeole humaine.
Comment le chien contracte-t-il la maladie de Carré ?
Le virus de la maladie de Carré chez le chien se transmet par contact oro-nasal avec des sécrétions corporelles contenant le virus (salive, écoulements des yeux et du nez, urines, selles). Le chien peut aussi contracter la maladie par contact direct avec un animal ou un milieu contaminé. Le virus s’avère fragile à l’extérieur et ne supporte pas la chaleur.
La maladie de Carré chez le chien est donc plus souvent constatée en automne et en hiver. Les chiens les plus exposés à la maladie sont les individus non vaccinés et les chiots de 3 à 6 mois. En effet, les anticorps maternels protègent le chiot jusqu’à 3 mois.
Au-delà de 3 mois, le système immunitaire est en construction et s’avère donc encore immature pour le protéger efficacement des virus. À noter que des espèces sauvages peuvent également être touchées par le virus comme le panda, le coyote, le furet, le loup ou le renard.
La maladie de Carré chez le chien fait partie de la liste des vices rédhibitoires. Ainsi, si des symptômes de la pathologie apparaissent dans les 7 jours suivant l’achat de l’animal, un certificat de suspicion doit être établi par le vétérinaire. Si le diagnostic est confirmé, la vente pourra alors être annulée.
Quels sont les symptômes de la maladie de Carré chez le chien ?
La maladie de Carré chez le chien est une maladie virale très contagieuse qui peut prendre une forme respiratoire, intestinale ou nerveuse. La forme la plus fréquente est la forme respiratoire. Le diagnostic de la maladie de Carré chez le chien n’est pas toujours facile à établir car les signes cliniques sont parfois peu marqués.
Généralement, le chien présente dans un premier temps une forte fièvre qui peut perdurer jusqu’à 48 heures et de l’abattement. Ensuite, des symptômes spécifiques apparaissent selon la forme de la maladie :
- En cas d’atteinte respiratoire, l’animal présente une toux sèche qui évolue vers une toux grasse associée à des mucosités, des éternuements, un écoulement nasal et une possible conjonctivite. Des perturbations respiratoires et digestives apparaissent (vomissements et diarrhées) ainsi qu’une fatigue intense et une perte d’appétit.
- En cas d’atteinte intestinale, les symptômes sont similaires à ceux d’une gastro-entérite aiguë. Les selles liquides peuvent s’avérer sanguinolentes. Une infestation par des parasites intestinaux et une infection bactérienne peuvent compliquer le tableau clinique.
- En cas d’atteinte nerveuse, le chien peut présenter des convulsions, des difficultés motrices, des myoclonies, des crises d’épilepsie, une ataxie ou un coma. À noter que la forme nerveuse de la maladie virale apparait uniquement après la forme intestinale ou respiratoire. L’atteinte du système nerveux central signe le stade le plus grave de la maladie de Carré chez le chien.
Des signes cutanés peuvent aussi se manifester comme une hyperkératose de la truffe et des coussinets plantaires. Au niveau oculaire, une kératoconjonctivite ou une uvéite peuvent être constatées et même une cataracte pouvant évoluer vers la cécité.
Comment prendre en charge la maladie de Carré chez le chien ?
Diagnostic
Les signes de la maladie de Carré chez le chien étant peu spécifiques, le vétérinaire doit procéder à des examens complémentaires après avoir réalisé le bilan clinique. Plus précisément, des examens biologiques vont être effectués et notamment un test PCR pour isoler l’ARN viral. Il va être réalisé à partir de prélèvements nasaux, oculaires ou urinaires. Ce test peut être exécuté dans les deux premières semaines de l’infection.
Le dosage des anticorps peut aussi être réalisé chez les animaux non vaccinés. L’analyse des cellules des muqueuses respiratoires, digestives ou urinaires et du système nerveux central permet également d’identifier la maladie de Carré chez le chien. Si l’animal manifeste des troubles nerveux, le dosage des anticorps ainsi que l’isolement de l’ARN viral peuvent être effectués à partir d’un prélèvement de liquide cérébro-spinal.
Traitement
Les chiens présentant la maladie de Carré ne peuvent être pris en charge que sur un plan symptomatologique. Il n’existe, effectivement, aucun traitement pour cette maladie virale. Le vétérinaire peut uniquement mettre en place un traitement pour soulager les symptômes à base, notamment, d’anti-vomitifs, d’anti-diarrhéiques et de pansements gastriques. Il peut aussi administrer des antibiotiques à large spectre comme la pénicilline qui permettent d’éviter les surinfections bactériennes. Le pronostic des chiens atteints de la maladie de Carré est plutôt sombre. Le décès de l’animal est fréquent ou la subsistance de séquelles en cas d’atteinte nerveuse.
Prévention
Compte-tenu de la gravité de la maladie de Carré chez le chien, la prévention est fondamentale. En effet, il existe un vaccin efficace contre cette maladie virale qui peut être administré dès la primo-vaccination (8 à 10 semaines). Il comporte deux injections exécutées à 3 semaines d’intervalle. Le rappel doit ensuite être réalisé un an plus tard.
Il est fortement recommandé, avant la vaccination, de respecter des mesures de prudence pour éviter une contamination. Ainsi, il est conseillé d’éviter les parcs fréquentés par d’autres animaux, d’empêcher le contact avec des selles et urines d’autres chiens. Le contact direct avec des animaux inconnus est également déconseillé.
Pour cela, tenez bien votre chiot en laisse pour mieux le maitriser à la vue ou à l’approche d’autres chiens. Ces mesures peuvent sembler drastiques. Elles sont cependant essentielles pour protéger la vie de votre compagnon. Une fois vacciné, votre chiot aura tout le loisir de découvrir le monde qui l’entoure.
À la maison, il est aussi important de veiller à une hygiène stricte. Seule l’eau de javel présente une efficacité face aux virus. Elle doit être largement utilisée pour éviter les risques de contamination. Le virus peut effectivement se coller sous les semelles de chaussures après avoir marché dans l’urine ou les selles de chiens atteints.
Les vêtements doivent également être désinfectés si vous avez été en contact avec des chiens inconnus, c’est-à-dire dont vous ne connaissez pas le statut vis-à-vis de la vaccination. Enfin, seul le strict respect du calendrier vaccinal garantit la protection de votre chien. Veillez donc à réaliser le rappel de vaccin chaque année.